LE CHANT DU GRILLON
L'érection de la nuit lui déchire le ventre et le tire du sommeil.
Elle dort.
Une litanie métallisée miel et poivre pulse de son sexe découvert mis au repos.
Sur sa poitrine en désordre,
les graffitis desséchés de sa jouissance d'hier
et comme un reste de soupirs, empourpré tenace, qui flotte autour de la chambre.
Penché sur elle, il lui descelle les lèvres
Et son haleine lui répond.
Calligraphe attentif, il brode sa parole sur sa peau, dénouant ainsi les derniers rubans de sa pudeur. Ses mots se perdent dans le silence d'un drapé de transparence.
Elle gémit,
pendant que ses doigts la remontent et qu'il dépose de la bouche des morceaux d'arc en ciel sur ses seins,
Sa violente envie de virilité impatiente
L'impérieuse nécessité
de le faire maître du destin de ses reins pour l'y contraindre à son diapason.
Quand il atteint le coeur de sa blondeur secrète, à lui seul accessible, elle pleure,
Soleil fendu en deux,
Mer ouverte dans le lit,
de le sentit nager en elle.
De sa fleur saturée, elle le supplie de son oraison rauque qui le couvre
Et elle jouit.
Elle jouit
Vrillée sur la racine écarlate
D'un chant obsédant de grillon.