SON CORPS
Ce n'est pas un ange,
mais un être de chair au sang chaud, appelé jusqu'en plein midi à la nudité partagée, à la simple jouissance et au bonheur de vivre.
Dans la clarté de l'ombre de ce jardin où nous veillons ensemble,
à moitié dévêtue et de beauté évidente,
allongée sur ce lit d'herbes folles et de fleurs de la passion où je retarde la fin des moissons,
elle se montre sans pudeur, le corps déployé au seul gré du flux de ses frissons autour de cet iris, porte ouverte sur la tentation.
Endimanchée d'un arc en ciel vaporisé,
dans l'éclat de sa gorge vive à cru, de ses lèvres à haute tension, de l'iode de son sourire, l'impudicité me noue à ses chevilles.
Corps de femme,
regard dénudé d'hiver cerclé des rides du printemps, épaules de soie douce, bras éveillés sur la tendresse du jour, mains au doigté infaillible, seins de pomme sans pelure, aines aux pouls battants, ourlet de blond froissé en bas du ventre, bassin délié où s'attachent des cuisses de danseuse indécente,
son corps
complice et complaisant,
verger voluptueux
moissonné des étreintes inlassables
de l'amant vendangeur assidu qui s'y arrime.