ELLE EST NUE
Dans une ville inondée par le soleil d'hiver,
il la voit nue et libre,
imaginée d'avance offerte,
nue de tout
sauf de la cruauté d'une beauté ivre d'elle – même,
rayonnante de son envie de houle à la fleur de sel,
les seins à tous les vents et le ventre au soleil et le rire du plaisir qui lui danse à la tête,
libre,
sauf de la fureur de qui ne sait pas vivre sans passion,
porteuse du dangereux frisson de cette volupté sauvage qui bat dans les veines bleues de sa peau blanche,
dans le halo de son rêve il la voit,
femme,
libre,
nue
et ardente,
affamée à la bouche humide et gourmande d'un bonheur opulent incarné et jouissif
et qui ne cède rien quant à la jubilation dans la joyeuse puissance de vivre.
Entre ses cuisses en blond mises en eau,
le filigrane nerveux et dessiné en creux de l'urgence de vivre et de la voracité du désir,
prend le jour comme on enfile des gants dans l'élégance.
Parée pour la jouissance,
elle monte à cru la vie en amazone, jupe ouverte sur un parfum de femme sans maquillage,
cravachée aux aisselles
d'un baiser d'homme qui la mord.
Il l'a vue,
allongée sous ses yeux
coulant pour lui entre ses hanches une écharpe de brume et de silence tissée de son espérance
qu'il viendra au fil de son sommeil
la rejoindre dans ses rêves.